Sociétés du savoir
Vouloir construire des sociétés du savoir a-t-il un sens, alors que l'histoire et l'anthropologie nous enseignent que, depuis la plus haute antiquité, toutes les sociétés ont probablement été, chacune à leur manière, des sociétés du savoir ?
Aujourd'hui comme par le passé, la maîtrise du savoir peut aller de pair avec un lot important d'inégalités, d'exclusions et de luttes sociales. Longtemps le savoir a été accaparé par des cercles de sages ou d'initiés. Le secret était le principe organisateur de ces sociétés du savoir réservé. À partir de l'époque des Lumières, les progrès de l'exigence démocratique, fondée sur un principe d'ouverture ainsi que sur la lente émergence d'un espace public du savoir, ont
permis la diffusion des idées d'universalité, de liberté, et d'égalité. La propagation des connaissances par le livre, puis par l'imprimerie, ainsi que la diffusion d'une éducation pour tous par l'école et l'université ont accompagné cette évolution historique. Cet idéal d'un espace public du savoir, qui est au fondement de l'UNESCO et de son Acte constitutif, ne saurait être tenu pour définitivement acquis.
À présent, la diffusion des nouvelles technologies et l'avènement de l'Internet comme réseau public paraissent ouvrir de nouvelles chances pour élargir cet
espace public du savoir. Serions-nous désormais dotés des moyens qui permettraient un accès égal et universel à la connaissance, et un authentique partage ? Celui-ci devrait alors être la clé de voûte de véritables sociétés du savoir qui soient source d'un développement humain et durable.